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ANTOINE SIMON, PRESIDENT D’HAITI (1908-1911) Par le plus grand hasard, nous avons eu à parler récemm

ANTOINE SIMON, PRESIDENT D’HAITI (1908-1911) Par le plus grand hasard, nous avons eu à parler récemment de l’un de nos anciens présidents. Antoine Simon occupa la présidence d’Haïti de 1908 à 1911. A la chute de Nord Alexis, le général Simon, commandant du département militaire du Sud, marcha sur Port-au-Prince avec ses troupes et s’installa au palais national. Le nouveau président était d’éducation très médiocre, ce qui ne l’empêchait pas d’être un homme de bon sens. Durant son administration, les rues de la capitale furent bétonnées, le Champs-de-Mars construit, et l’électricité fit son apparition à Port-au-Prince. Le projet le plus ambitieux du président Simon était la construction d’une ligne de chemin de fer devant relier la capitale à Cap-Haitien, projet qui ne fit que débuter durant son règne. A cause de ses origines modestes et de son manque évident d’instruction, le président Simon fut l’objet, dès le début de son administration, de moqueries et de railleries acerbes de la part des élites traditionnelles, certaines plaisanteries allant même jusqu'à se raconter dans les cours d’écoles. Il est vrai que Antoine Simon ne s’aidait pas lui-même, il était venu des Cayes jusqu’au palais national avec un « bouk/kabritt » dont il ne se séparait presque jamais, et dont on prétendait que c’était son « dyiab » (diable), prénommé Simalo ou Similò. Les employés se plaignaient de l’odeur dans les couloirs « de la maison du peuple », mais le président ne tolérait pas qu’on lui fasse la moindre remarque à ce sujet, et gare à celui qui aurait simplement touché l’animal. Mis au courant de diverses plaisanteries de mauvais goût au sujet de sa personne par les snobs de Port-au-Prince, Antoine Simon, qui était doté d’un grand sens de la dignité, se vengea à sa façon. Au lieu de réprimer par la violence ses contradicteurs, il exigeait de tout le monde de se mettre debout et de rester debout dès et tant qu’il se trouvait dans les environs. Et comme ses promenades vespérales étaient quotidiennes, les habitants du Champs-de-Mars et des quartiers avoisinant le palais national se voyaient dans l’inconfortable situation de devoir souvent se livrer à toutes leurs activités courantes, mais en restant sur leurs deux pieds, aussi longtemps que le président n’était pas rentré par la barrière du palais. Quand j’étais gosse, je passais mes vacances d’été sur les terres familiales, à Guillerme, petite bourgade de la plaine des Cayes voisine de Fonfrède, le village d’origine de la famille Simon. J’ai eu plus d’une fois l’occasion de grimper sur la tombe du président Antoine Simon pour lire l’épitaphe inscrit sur le marbre gravé. Juste à côté se trouvait une autre tombe dont on prétend que c’était celle du « bouk/kabritt » Simalo (ou Similò), sans marbre celle-là. Jusque dans les années 70, la tombe et la maison du président, cahutte couverte de paille, existaient encore. Certains descendants directs du président Simon vivaient encore sur la propriété familiale, paisibles paysans qui s’occupaient modestement de leurs jardins et de leur bétail. J’ai connu aussi d’autres Simon, de la même souche génétique, qui furent de proches voisins à Pont Gombo, mon ancien fief aux Cayes. De l’histoire ancienne. Toute ressemblance avec des personnages vivants est fortuite.

Gérard Lahens FELIX Publié sur ENTRE NOUS le 4 mars 2012 Republié le 2 août 2012, le 10 janvier 2014 et le 29 mars 2016


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