Né esclave à Petit-Goâve en 1782, Soulouque était l'un des deux fils de Marie-Catherine Soulouque. Celle-ci, née à Port-au-Prince, Saint-Domingue, en 1764, était une esclave créole de race mandingue. Elle meurt à Port-au-Prince le 9 août 1857. Lui-même fut affranchi par le décret de 1793 pris par Léger-Félicité Sonthonax, commissaire civil de la colonie française de Saint-Domingue, et qui abolissait l'esclavage pour répondre à des révoltes d'esclaves commencées en 1791. En tant que citoyen libre, il constata que sa liberté était en péril du fait des tentatives du gouvernement français de rétablir l'esclavage dans sa colonie de Saint-Domingue et, de 1803 à 1804, il s’enrôla comme simple citoyen dans l'armée révolutionnaire noire pour combattre au cours de la Révolution haïtienne. Ce conflit fit de Soulouque un combattant respecté et, en conséquence, il fut promu lieutenant dans l'armée d'Haïti en 1806 et devint aide de camp du général Lamarre. En 1810, il fut nommé dans la garde à cheval sous la présidence d’Alexandre Pétion. Au cours des quatre décennies suivantes, il continua à servir dans l'armée haïtienne, se hissant au grade de colonel, sous le président Guerrier, jusqu'à ce que finalement il fût promu au plus haut poste de l'armée haïtienne, atteignant le grade de lieutenant-général, commandant suprême de la Garde présidentielle sous Jean-Baptiste Riché, à l’époque président.
Faustin Soulouque, président de la République. Le 1er mars 1847, Faustin Soulouque est élu président de la République par le Sénat et succède au président Riché, décédé en fonctions. En 1847 le président Riché mourut. Pendant son mandat, il avait agi comme un homme de paille de la classe dirigeante boyériste, qui se mit tout de suite en quête d’un remplaçant. Son attention se concentra vite sur Faustin Soulouque, dans lequel la plupart voyaient quelqu’un d’un peu effacé et un ignorant. Âgé de 65 ans, il paraissait un candidat malléable et fut donc incité à accepter le rôle qu’on lui offrait. Il prêta le serment d’entrée dans les fonctions présidentielles le 2 mars 1847.
Au début Faustin parut remplir convenablement son rôle de marionnette. Il conserva à leurs postes les ministres de l'ancien président et continua le programme de son prédécesseur. Il fallut peu de temps cependant pour qu’il se débarrassât de ses partisans et se fît le maître absolu de l'État haïtien. Selon le livre de Mark Kurlansky A Continent Of Islands: Searching For The Caribbean Destiny « il organisa une milice privée, les Zinglins, et fit arrêter et massacrer, tous ceux qui s'opposaient à lui, en particulier les mulâtres, consolidant par là son pouvoir sur le gouvernement ». Ce processus, qui comprit un massacre des mulâtres à Port-au-Prince le 16 avril 1848[2], culmina au Sénat et à la Chambre des Députés où il se fit proclamer empereur d'Haïti le 26 août 1849.
Soulouque invita également les Louisianais noirs à émigrer à Haïti. Un afro-créole originaire de la Nouvelle-Orléans et qui avait été élevé à Haïti, Emile Desdunes, travailla comme agent de Soulouque et, en 1859, organisa le transport gratuit à Haïti d’au moins 350 personnes désespérées. Un grand nombre de ces réfugiés devaient rentrer plus tard en Louisiane.
Le règne de Soulouque fut marqué par une violente répression contre l'opposition et par de nombreux meurtres. Le fait que Soulouque était ouvertement un adepte de la religion africaine Vaudou contribua à sa réputation de violence[3]. Au cours de son règne Soulouque fut agi par les préjugés, la haine et la discrimination à l’égard des créoles (les mêmes sentiments existant évidemment en miroir).
Le 25 août 1849, il se fait proclamer empereur par le Parlement. Son sacre a lieu le 18 avril 1852, dans un faste ruineux pour les faibles finances de ce pays, et le paiement de la dette doit être interrompu. Il organise une répression violente contre les mulâtres et rétablit l'absolutisme sur l'île. Faustin devient l'empereur Faustin Ier, l'empire est héréditaire mais l'empereur n'a pas d'héritier mâle. La succession passe donc au prince Mainville-Joseph (fils de son frère, le grand-duc Jean-Joseph) qui épouse Olive Soulouque (fille adoptive de Faustin, fille d'une première union de l'impératrice Adélina) avec qui il aura trois enfants.
Il crée également une noblesse nombreuse, recrutée principalement parmi ses hauts fonctionnaires et partisans.
Il se fiance avec Adélina Lévêque en 1846 et leur mariage est célébré le 26 août 1849, le lendemain de sa proclamation comme empereur. Adélina est sacrée impératrice avec son époux le 18 avril 1852. Ils ont deux filles : S.A.I. la princesse Olive Soulouque (née en 1832), fille adoptive de l'empereur, fille d'une première union de l'impératrice Adélina ; princesse impériale, mariée à son cousin, Mainville-Joseph. S.A.S. la princesse Célita Soulouque, mariée à Jean-Philippe Lubin, comte de Pétion-Ville
Caricature de Soulouque en exil en Jamaïque : Renvoyé ! Dire que je ne sais plus ou reposer ma tête !!, par Cham (1866).
Mais une révolte éclate en décembre 1858, Faustin tente de mettre fin à cette violente révolte. Les journées de décembre 1858 et de janvier 1859 affaiblissent considérablement le pays. Les troupes impériales pourtant épuisées et vaincues à plusieurs reprises par les révolutionnaires continuent à se battre contre la révolte dirigée par son ancien aide de camp, le général Fabre Geffrard. Les révolutionnaires prennent le nom de "geffrardistes". Le 15 janvier 1859, le palais impérial est attaqué, l'empereur est contraint d'abdiquer le jour même, il quitte la capitale avec sa famille et s'exil en Jamaïque.
Nouvel exil et fin de vie
Après avoir abdiqué, Faustin s'exile en Jamaïque avant de partir pour la République dominicaine. En exil, il se proclame chef de la famille impériale en exil. Avant de s'enfuir, la famille Soulouque avait pris soin de partir avec une partie des caisses de l'État pour s'assurer une vie paisible et dorée en exil. L'empereur déchu s'éteint le 6 août 1867 à Petit-Goâve, à l'âge de 84 ans. Son neveu et beau-fils, Mainville-Joseph Soulouque, lui succède comme chef de famille.
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